Il y a 110 ans, le 26 octobre 1913, le président de la République, Raymond Poincaré, a effectué, lors d’un voyage officiel en Eure-et-Loir, une visite de quelques heures à Nogent-le-Rotrou. La Société hippique percheronne, sise dans cette ville depuis sa création en juin 1883, et les éleveurs de chevaux percherons s’étaient mobilisés pour l’occasion.
« L’arrivée à Nogent-le-Rotrou s’effectue dans de fâcheuses conditions. La pluie à recommencer à tomber. On se rend directement à l’hôtel de ville. [Le Petit Parisien, 27 octobre 1913]
Un peu avant l’arrivée à l’hôtel de ville, le cortège s’arrête pour permettre au Président d’admirer l’exposition de la Société hippique percheronne. Le président de la Société hippique signale au Président les caractéristiques de chaque animal. Il lui offre, au nom de la Société, un bronze représentant le cheval percheron. [Le Figaro, 27 octobre 1913]
Après avoir passé en revue les vingt étalons et les vingt juments présentés, Raymond Poincaré s’adresse au président de la SHPF, Charles Aveline.
« Monsieur le président
Je remercie la Société hippique percheronne de m’avoir, en participation avec la ville de de Nogent-le-Rotrou, offert un souvenir qui mettra constamment sous mes yeux un beau spécimen de votre célèbre race chevaline. Je sais les heureuses mesures qu’a prises, depuis trente ans, votre Société pour conserver la pureté de cette race et pour contrôler, par l’inscription au Stud-book percheron, la généalogie des poulains et des pouliches. Je sais aussi que vous êtes préoccupés de voir, depuis quelques temps, les meilleurs produits du Perche quitter la France et que vous faites effort pour limiter la surabondance des exportations, sans nuire aux intérêts des éleveurs. Je forme des voeux pour la prospérité de votre Société et je suis très heureux d’admirer ici quelques-uns de vos étalons et de vos juments. » [Le Figaro, 27 octobre1913]
Le bronze offert au président de la République, intitulé « Cheval Percheron » et réalisé par J. E. Masson, avait été fourni par la maison Susse Frères, à Paris. Aucune photo de ce bronze n’a été publiée dans la presse, semble-t-il. Rien non plus dans les archives de la SHPF.
Lors de la réunion du Conseil d’administration de la SHPF du 11 octobre 1913, on apprend qu’un cadeau plus volumineux avait été envisagé. « Quelques membres étant d’avis d’offrir un étalon percheron naturel, ou même une paire de postières percheronnes, après échange de vues, le Comité, considérant que la date du vingt-six étant très rapprochée, décide à l’unanimité d’offrir au Président de la République le « Cheval Percheron » de Masson. » [Registre des délibérations de la Commission, séance du 11 octobre 1913]
Lors du Conseil d’administration de la SHPF du 14 mars 1914, le président donne lecture d’une lettre du secrétaire général de la Présidence de la République. "... la superbe reproduction en bronze du cheval percheron offert par la Société hippique à monsieur le Président de la République à l’occasion de sa visite à Nogent-le-Rotrou a été reçue et installée à l’Elysée. […] Le Président de la République aura un double plaisir à garder sous ses yeux cette œuvre si vigoureuse et si vivante que ce sera d’abord pour lui un souvenir précieux des chevaux qu’il a admirés et aussi un symbole des si heureux efforts de la Société Hippique Percheronne pour sauvegarder et augmenter sans cesse une de nos richesses nationales. » [Registre des délibérations de la Commission, séance du 14 mars 1914]
Qu’est-il advenu de ce bronze percheron ? Figure-t-il dans une réserve abritant les cadeaux faits aux Présidents de la République, dans un musée ou encore dans la réserve du Mobilier national ? Des archives nogentaises possèdent-elles une trace photographique de ce cadeau présidentiel ? Si vous avez des informations, n’hésitez pas à contacter la SHPF.
Jean-Léo Dugast